Roy Bennett, figure de l’opposition au Zimbabwe, tué dans un crash d’hélicoptère aux Etats-Unis

Surnommé « l’épine la plus acérée » par les fidèles de Robert Mugabe, il fut notamment le trésorier du Mouvement pour le Changement démocratique.

Roy Bennett, figure de l’opposition zimbabwéenne, est mort avec sa femme, Heather, et trois autres personnes lors du crash d’un hélicoptère dans une région montagneuse du Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, ont annoncé jeudi 18 janvier les autorités locales.
L’aéronef s’est écrasé vers 18 heures mercredi (1 heure à Paris jeudi). Les secours ont été prévenus par la seule survivante, la fille du copilote. La carcasse encore en flammes a été retrouvée près d’un ranch à 16 km à l’est de la ville de Raton. Sur place, les policiers ont estimé que l’identification était « difficile » en raison de l’état de détérioration de l’hélicoptère, selon le communiqué de la police.

Les proches de Roy Bennett ont confirmé que lui et sa femme se trouvaient au Nouveau-Mexique dans le cadre de leurs vacances. Ils étaient venus rendre visite à leur ami Charles Burnett III, un riche investisseur anglais, mort également dans le crash.

Âgé de 60 ans, Roy Bennett était une figure importante de l’opposition au Zimbabwe. Cet ancien propriétaire, blanc, d’une ferme de café dans la région de Chimanimani, dans l’est du pays, fut notamment le trésorier du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le principal parti d’opposition. Surnommé « l’épine la plus acérée » par les fidèles de Robert Mugabe, l’ancien président resté trente-sept ans au pouvoir, et « Pachedu », (« l’un des nôtres ») par ses partisans, il était parvenu en 2000 à gagner un siège parlementaire dans une circonscription rurale, en dépit de sa couleur de peau.

(Roy Bennett, homme politique blanc du Zimbabwe à la sortie d’un des innombrables procès que le pouvoir de Mugabe a intentés contre lui / AFP PHOTO / DESMOND KWANDE

Roy Bennett, ou la lutte incessante pour le changement

« Bennett faisait partie d’un petit groupe de Zimbabwéens blancs qui ont rejoint le MDC et ont démontré que les Blancs ont toujours une place au Zimbabwe », a écrit l’avocat zimbabwéen Alex Magaisa pour lui rendre hommage, poursuivant : « Il m’a rappelé le potentiel du Zimbabwe si ses multiples races et cultures pouvaient réellement faire tomber les barrières qui existent entre elles et travailler ensemble. »

Roy Bennett avait gagné sa popularité par sa lutte incessante pour le changement et sa maîtrise du shona, la langue la plus parlée dans le pays. Une ferveur populaire qui lui a attiré les foudres de Robert Mugabe et de son clan. Emprisonné pendant presque un an en 2005 pour s’en être pris physiquement à un ministre qui avait accusé ses ancêtres d’être « des voleurs et des meurtriers », il était ressorti extrêmement amaigri et révolté par les mauvais traitements infligés aux autres détenus.

Après une première fuite en Afrique du Sud, Roy Bennett était revenu en 2009 au Zimbabwe pour participer à un gouvernement de coalition. Mais quelques heures avant de prêter serment comme vice-ministre de l’agriculture devant le président Mugabe, il avait été arrêté pour trahison et tentative de complot. Il sera acquitté un an plus tard.

Après ce dernier séjour en prison, Roy Bennett était retourné en exil en Afrique du Sud, tout en demeurant une voix critique de la politique zimbabwéenne. Lui qui a lutté pendant de longues années pour instaurer le changement politique au Zimbabwe disparaît deux mois seulement après la démission, qu’il avait tant espérée, du « camarade Bob ».

Source : Le Monde (avec AP et AFP)

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