MOINS UNE / Présidentielle française : « Réélection sans état de grâce » : pour Macron, le plus dur commence, selon la presse française

L'élection présidentielle en France a vécu ce dimanche et le président sortant, Emmanuel Macron, sous le brassard de la La République en Marche (LREM) a été réélu avec un score de 58,6 %, contre 41,4 % pour sa rivale du Rassemblement national (RN), avec un taux d'abstentionnisme qui interpelle et une extrême-droite toujours plus forte au " pays des droits de l'homme ". Moins une ? Selon la presse française, Macron est parti pour un mandat qui ne sera pas des plus faciles, au regard des résultats.

Le Monde le résume en parlant d’une « réélection sans état de grâce », du fait notamment d’une « abstention proche des records et une extrême droite qui dépasse pour la première fois la barre des 40% des suffrages ».

Il y a bien sûr des Unes très sobres, des neutres « Emmanuel Macron réélu » (Ouest-France) ou « Macron réélu 58,5% » (La Dépêche du Midi), à « Macron promet ‘cinq ans de mieux’ » (Le Parisien/Aujourd’hui en France), en passant par « L’acte 2 » (Sud Ouest) ou « Macron II » (Paris Normandie), ou encore « 5 ans de plus » (Nice-Matin). Bref, comme dirait 20 minutes, « Ça marche encore ».

Et les Unes, rares, où perce un certain enthousiasme, comme celles des Echos, « Un nouveau départ », avec une photo du chef de l’État tout sourire et bras levés, ou du Figaro, « Grande victoire, grands défis ».

Alexis Brézet y note qu’« en apparence, c’est une apothéose ». « Chapeau, l’artiste ! Après ce quinquennat ‘maudit’ – les ‘gilets jaunes’, Samuel Paty, Notre-Dame, le Covid, l’Ukraine… -, la performance n’est pas mince ». Mais « en vérité, la statue de marbre est un géant aux pieds d’argile » car « qui peut croire à la réalité de son ancrage populaire ? », nuance l’éditorialiste du quotidien de droite.

Côté opposé, Libération pose un grand « Merci qui ?» sur la tête du président, coupée en bas de page. « Macron réélu, la victoire sans la gloire », lit-on en pages intérieures du journal de gauche, où l’éditorialiste Paul Quinio liste les lourds dossiers à traiter, une mission qui s’avère selon lui « souvent à rebrousse-poil du quinquennat qui s’achève ».

« Ce vote m’oblige »

Un dessin, signé Kak dans L’Opinion, résume cette idée d’une réélection qui fait mal : on voit sur un ring une Marianne annoncer « Macron, victoire aux points » et lever le bras de celui-ci, amoché, hagard, tandis que Marine Le Pen de l’autre côté présente le même état d’hébétude, battue, mais debout.

Pas de KO, donc. Ni de chaos : « Cette élection a permis d’éviter le chaos, sûrement pas d’atténuer la colère », remarque Jean-Pierre Dorian dans Sud Ouest.
D’où le scepticisme, mordicus. « Oui, mais », titre La Provence, «  Et maintenant ? », s’interroge Corse-Matin.

« C’est gagné, mais rien n’est fait », après une deuxième onction électorale qui « ne vaut pas quitus », rappelle Stéphane Vernay dans Ouest-France, en titrant son édito : « Réconcilier les Français… et vite ».

Car il s’agit là d’une France « polytraumatisée », observe Dominique Diogon (La Montagne), et « plus que le fantasmé grand remplacement, c’est ce grand déclassement qui nourrit un ressentiment explosif ».

Luc Bourrianne pointe, lui, la responsabilité du chef de l’Etat dans L’Est Républicain : « La stratégie du président allie brio et cynisme en se jouant des opportunismes. Mais en affaiblissant la gauche et la droite modérées, il participe à l’émergence d’aucune alternative autre que les extrémismes, la radicalité, l’affrontement ».

Après cette « victoire en trompe-l’œil », selon le titre de l’édito de La République des Pyrénées, M. Macron doit innover dans la pratique démocratique, pour « éviter une ‘giletjaunisation’ de son quinquennat », écrit Jean-Marcel Bouguereau dans ce journal.

Bref, action, ou la comminatoire Une de Midi Libre : « Entendez et agissez ! »
Comment ? D’abord en reconnaissant ce que traduit le scrutin dominical. « Ce vote m’oblige », a dit le Marcheur réélu, citation placée à la Une des Dernières Nouvelles d’Alsace et de La Voix du Nord.

Car, analyse Olivier Biscaye dans Midi Libre, « le camp des perdants a gagné. Autant que celui des désabusés, des découragés, des indifférents. Et ce n’est pas une blague ! Depuis hier soir, ils sont devenus la seule et principale attention d’un Président réélu à la tête d’un pays que l’on a l’habitude de considérer à raison comme fracturé ».

Source : 7sur7.be

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