Mohammed VI envoie un signal fort avec un ministère dédié

Avec la création d'un ministère en charge de la Coopération africaine, le souverain chérifien montre que le déploiement vers l'Afrique subsaharienne est plus que jamais l'un des axes majeurs de l'action internationale du Maroc.

La coopération sud-sud louée à chaque occasion, des visites officielles à forte tonalité économique multipliées, des investissements encouragés… avec en apothéose le retour à l’Union africaine en 2017 en attendant la probable entrée prochaine au sein de la CEDEAO (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest) : le roi Mohammed VI fait feu de tout bois pour arrimer de manière profonde et durable son royaume à l’Afrique subsaharienne. Au-delà des déclarations, le souverain chérifien agit pour faire de son « continent d’appartenance » l’espace d’échanges et de rayonnement privilégié du Maroc.

Après son émouvant et profond discours de retour à l’Union africaine, celui délivré à Dakar à l’occasion de la fête du Trône, voilà qu’il vient de poser un acte qui va au-delà du symbole : la création d’un ministère dédié aux Affaires africaines. Une sorte de pendant politique à la décision prise par le vaisseau amiral de l’économie marocaine, l’OCP, de créer une structure dédiée, OCP Africa, pour accompagner les pays d’Afrique subsaharienne dans la sécurisation de leur agriculture, en tout cas pour ce qui concerne les engrais. L’annonce de la création de ce ministère avait été faite en octobre dernier par le roi en personne au moment de l’ouverture de la session parlementaire d’automne.

Par ce biais, les choses se passent comme s’il avait souhaité faire un clin d’œil à l’histoire. Rappelons en effet qu’il y a 56 ans, le royaume chérifien s’était déjà engagé au sud du continent sous la houlette du roi Mohammed V et pendant les deux premières années du règne de Hassan II. Pendant cette période, un ministère des Affaires africaines avait été créé. Il était dirigé par Abdelkrim Khatib, un grand chirurgien mais aussi une figure de la résistance. Il faut dire qu’à cette époque, l’heure est à l’indépendance et à la libération des pays africains les uns après les autres. Indépendant en 1956, le Maroc était alors considéré comme une terre d’accueil par les mouvements de libération africains parmi lesquels, aux premières loges, le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela et le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) d’Agostinho Neto.

Voilà en tout cas ce que le roi Mohammed VI a dit des attributions du ministre de la Coopération africaine : « Il sera chargé des affaires africaines, et plus particulièrement de l’investissement, ainsi que la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances. » Une déclaration qui montre qu’il s’agit là d’un poste transversal à haute finalité économique et sécuritaire, risque terroriste oblige.

Mohammed VI fait le choix sur un homme déjà rompu aux arcanes africaines

Pour diriger ce nouveau ministère emblématique de l’importance accordée par le roi Mohammed VI à l’Afrique, le choix s’est porté sur Mohcine Jazouli, 49 ans, connu pour être l’un des hommes les plus écoutés et les plus discrets du royaume. À la tête de Valyans consulting, l’un des tout premiers cabinets de conseil marocains et spécialisé en stratégie et en organisation des entreprises, il fait partie des pionniers du secteur privé marocain qui se sont intéressés à l’Afrique subsaharienne.

Diplômé de Paris-IX Dauphine, Mohcine Jazouli a travaillé dans le conseil à son retour au Maroc en 1995, notamment dans la branche marocaine de EY (ex-Ernst & Young). En 2005, la fusion avec Arthur Andersen, qu’il orchestre au Maroc, donne naissance à Valyans Consulting dont il prend la tête. Il en a progressivement un fleuron du conseil marocain dont les quelque 116 millions de dirhams de chiffre d’affaires sont une belle illustration. Solide concurrent de grands cabinets internationaux, Valyans s’est construit une solide réputation avec notamment une implication dans de nombreux plans stratégiques majeurs comme le Plan Emergence, le Plan Maroc vert, le Plan Halieutis, la Vision 2020, etc.

À cela s’ajoute un autre point fort : une forte implantation sur le continent africain. Depuis 2011, à la tête de son cabinet de plus de 70 salariés basés au Maroc, Mohcine Jazouli a réalisé des missions importantes pour le compte par exemple des gouvernements ivoirien, sur le Plan national d’investissement agricole de la Côte d’Ivoire, et gabonais dans divers secteurs allant de l’agriculture à la mobilisation de la diaspora. Résultat : avec Valyans, Mohcine Jazouli a le profil parfait du privé marocain qui s’est frotté aux marchés, aux administrations et aux gouvernements africains, une source d’inspiration pour imaginer et appliquer des politiques de coopération. Mieux, monter des stratégies efficientes d’investissement, ce qui dans le contexte des relations économiques marocco-subsaharienne va prendre de plus en plus d’importance dans la logique d’accompagnement de son ministère.

Le couronnement d’une volonté politique

Voilà donc qui devrait assurer, au-delà de l’ancrage politique, l’ancrage économique du royaume chérifien chez ses partenaires et frères du Sud. Une réalité qui prend racine dès le début des années 60 quand, pour le Maroc et son souverain, la coopération économique et commerciale bilatérale avec l’Afrique subsaharienne était déjà une donnée importante au niveau politique bien que modeste dans sa réalité économique avec cependant un important maillage d’accords de coopération bilatéraux.

Aujourd’hui, plus de 1 000 entreprises marocaines sont implantées en Afrique. Elles y ont investi, sur la période 2008-2015 pas moins de 2,2 milliards de dollars. Le roi Mohammed VI a effectué plus de 25 visites dans les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis 2001 et a signé plus de 600 accords qui visent tout autant à renforcer et à consolider les parts de marché déjà acquises qu’à diversifier l’éventail des espaces d’échanges, d’investissements et de production.
Inutile de dire que l’expérience de Mohcine Jazouli dans l’accompagnement des investisseurs et des grands groupes ainsi que sa connaissance du marché africain seront de grands atouts pour le royaume chérifien.

 

 

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