CONTINUITÉ DANS LA MACRONIE / France : ni sociale, ni écolo, Élisabeth Borne nommée Première ministre

Après une longue attente, vingt-deux jours depuis sa réélection, Emmanuel Macron a choisi Élisabeth Borne pour devenir sa Première ministre. La ministre du Travail du précédent gouvernement succède à Jean Castex qui a présenté la démission de son gouvernement plus tôt dans l'après-midi. Portrait décalé de Marianne magazine.

Fin du suspense. En France, Élisabeth Borne vient d’être nommée Première ministre, ce lundi 16 mai, vingt-deux jours après la réélection d’Emmanuel Macron. Une éternité pour les soutiens du président. Si leur attente a été si longue, c’est que le profil de la successeure de Jean Castex semblait difficile à trouver.

Emmanuel Macron s’était mis en quête d’une personnalité « attachée à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive ». Et ces derniers jours, son entourage croyait savoir qu’il devait aussi s’agir d’une femme.

ELIZABETH BORNE, LA BÊTE NOIRE DES CHEMINOTS

C’est donc la ministre du Travail Élisabeth Borne qui a été choisie. Elle sera la deuxième femme à occuper l’hôtel de Matignon, 31 ans après Édith Cresson. Aux yeux d’Emmanuel Macron, c’est probablement celle qui correspondait le plus à ses attentes. Il s’agit d’une technicienne, ralliée à la République en Marche (LREM) dès 2017. Pour son premier poste de ministre, elle avait alors hérité des Transports et mené une large réforme de la SNCF, qui a suscité la grève la plus longue de l’histoire des cheminots. Pour l’attachement à la question sociale, on repassera, donc.

Au cours de son mandat de ministre du Travail, Élisabeth Borne a régulièrement agité le thème de « l’assistanat », assurant par exemple que l’assurance chômage devait absolument être réformée en raison de sa trop grande « générosité ». Elle a aussi planché sur la controversée réforme des retraites promise par Emmanuel Macron. Un dossier qui devrait être sa priorité durant ces premiers mois à Matignon.

Le choix d’Élisabeth Borne est aussi motivé par son appétence « écologique ». Dans le sillage de la démission de François de Rugy, Élisabeth Borne avait été nommée au ministère de la Transition écologique, sans jamais parvenir à imposer ces questions sur l’agenda politique. Preuve du peu d’importance qu’Emmanuel Macron accordait alors à l’écologie, elle n’avait pas le titre de ministre d’État, contrairement à ses prédécesseurs.

Si vous avez aimé le scandale McKinsey et le manque de transparence du gouvernement précédent, vous ne serez probablement pas déçus par Elisabeth Borne à Matignon. En janvier 2020, Marianne avait épinglé une omission dans sa déclaration d’intérêts. Elisabeth Borne avait sciemment évité de mentionner sa participation passée à l’Institut de la gestion déléguée, un lobby qui milite notamment pour la délégation de projets publics au secteur privé. La ministre avait démenti avec virulence, avant d’être sommée de compléter sa déclaration par la HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique).

ELIZABETH BORNE, UNE « SOCIAL-DÉMOCRATE »

Dans l’immédiat, Élisabeth Borne sera candidate aux législatives, dans une circonscription du Calvados. Elle est membre de Territoires de progrès, la petite chapelle social-démocrate de la majorité présidentielle. La Première ministre a commencé sa carrière politique au début des années 1990, comme conseillère au ministère de l’Éducation nationale, sous les ordres de Lionel Jospin puis de Jack Lang.

Après avoir alterné des allers-retours entre les cabinets ministériels et des entreprises comme la SNCF ou Eiffage, elle était devenue entre 2014 et 2015 la directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie. Elle avait alors travaillé de concert avec Alexis Kohler, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron lors de son passage au ministère de l’Économie. Ses deux plus proches interlocuteurs désormais.

LE RESTE DES NOMINATIONS DEVRAIT SUIVRE

Plus tôt dans l’après-midi de ce lundi, Jean Castex avait présenté sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron. La passation de pouvoir avec Élisabeth Borne doit intervenir dans la soirée. Les autres membres du gouvernement devraient être nommés dans les prochains jours, sûrement avant mercredi, jour du premier conseil des ministres.

Source : Marianne

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