VOIR LONDRES ET MOURIR / Calais : 31 migrants sont morts dans le naufrage de leur bateau

Le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin a annoncé l'interpellation de « quatre passeurs soupçonnés » d'être liés au naufrage de l'embarcation de migrants au large de Calais.

Une embarcation de migrants a chaviré dans la Manche, au large de Calais, mercredi 24 novembre en début d’après-midi. Vingt-sept migrants, qui étaient à bord de ce bateau de fortune, sont morts dans le naufrage. Ils tentaient tous de gagner la Grande-Bretagne. Avant ce naufrage, le bilan des décès depuis le début de l’année s’élevait à trois morts et quatre disparus. En 2020, six personnes avaient trouvé la mort et trois autres avaient été portées disparues. Quatre décès avaient été recensés en 2019.

« Forte émotion devant le drame des nombreux morts dû au chavirage d’un bateau de migrants dans la Manche. On ne dira jamais assez le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées », a tweeté Gérald Darmanin, qui est attendu sur place dans la soirée.

Le Premier ministre Jean Castex a déploré une « tragédie » après le naufrage. « Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés, victimes de passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère », a indiqué le chef du gouvernement dans un message publié sur Twitter, en assurant suivre « la situation en temps réel ». De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson a convoqué une réunion interministérielle de crise.

Une enquête ouverte
Le parquet de Dunkerque a annoncé à l’Agence France-Presse l’ouverture d’une enquête pour « aide à l’entrée au séjour irrégulier en bande organisée » et « homicide involontaire aggravé ». Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, trois hélicoptères et trois bateaux participent aux recherches. Une cinquantaine de personnes se trouvaient à bord de l’embarcation qui était partie de Dunkerque, a indiqué une source proche du dossier. « Les gens meurent dans la Manche qui est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert, comme la Méditerranée. Tant que l’Angleterre sera en face, les gens continueront à traverser », s’est alarmé Pierre Roques, coordinateur de l’Auberge des migrants, une association de Calais.

Outre-Manche, la députée conservatrice de Douvres, Natalie Elphicke, a déploré « une tragédie absolue ». « Cela montre bien que pour sauver des vies en mer, il faut d’abord empêcher les bateaux d’entrer dans l’eau », a-t-elle déclaré, appelant à « mettre fin à ces traversées dangereuses ». Les tentatives de traversées migratoires de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait mis en garde vendredi dernier le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux, dans un entretien avec l’AFP.

« Cynisme des organisations »
Au 20 novembre, 31 500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l’année et 7 800 migrants avaient été sauvés, avait-il affirmé. Une tendance, avait-il remarqué, qui n’a pas baissé malgré les températures hivernales. Selon Londres 22 000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l’année. Philippe Dutrieux explique notamment ce phénomène par « le cynisme des organisations qui sont derrière ces passages, qui jettent à l’eau des migrants parce que c’est une entreprise qui rapporte bien ».

Londres et Paris sont convenus de renforcer leur coopération pour tenter de tarir ces départs après une montée de tension dans le sillage de l’arrivée le 11 novembre de 1 185 migrants sur les côtes anglaises, un record. « Ça fait des années qu’on dénonce et alerte sur la dangerosité de la situation à la frontière », chiffrant à « plus de 300 le nombre de migrants décédés depuis 1999 sur le littoral », a réagi Charlotte Kwantes, responsable d’Utopia56, association qui intervient auprès des exilés à Calais. « Tant que des voies de passage sûres ne seront pas mises en place entre l’Angleterre et la France, ou tant que ces personnes ne pourront pas être régularisées en France, que Darmanin vienne ou pas à Calais, il y aura des morts à la frontière », a-t-elle déclaré à l’AFP.

 

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