PIED DE MONSTRE / Pourquoi envions-nous l’orgasme des cochons ?

C'est une question de minutes.

Vivre comme un cochon ne fait rêver personne. Dans la nature, leur journée se résume en une quête interminable de nourriture, en une succession de bains et de roulades. En élevage, n’en parlons pas: les porcs d’engraissement ne vivent pas plus de six mois, l’âge auquel ils sont abattus. Somme toute, rien de très enviable.

Pourtant, une caractéristique de ce mammifère n’est peut-être pas à mettre de côté et pourrait, si elle était appliquée aux êtres humains, faire bien des heureux. Cette spécificité, c’est son orgasme, réputé pour être particulièrement long. Vraiment très long.

Jusqu’à trente minutes

Dans les différentes listes d’histoires surprenantes et de bizarreries animales que l’on peut trouver sur internet, l’orgasme incroyablement long du cochon a toujours sa place, juste après une anecdote sur la fourmi, qui peut soulever cinquante fois son poids, et sur le cafard qui, même la tête coupée, peut continuer à vivre neuf jours.

Certains sites avancent même un chiffre: l’orgasme du cochon durerait trente minutes. Bien plus que n’importe quel animal et, surtout, bien plus que l’être humain. Le pied (de cochon) !

Peut-on faire confiance à ce chiffre sorti du chapeau? Est-ce une simple croyance populaire, ou un fait scientifique avéré? Une étude, publiée en 2012 dans le journal of Animal Science Advances, nous éclaire à ce sujet. C’est en fait la seule étude scientifique disponible qui aborde ce curieux phénomène.

Les scientifiques de l’Université fédérale de Fronteira Sul et de Lavras, au Brésil, se sont intéressés à l’influence du temps d’éjaculation des verrats, les porcs mâles employés comme reproducteurs, sur, entre autres, la qualité de leur sperme. L’équipe a ainsi analysé plusieurs rapports sexuels de neuf verrats sur des mannequins, venus remplacer les truies, et ont observé la durée pendant laquelle ils éjaculaient.

Les résultats sont surprenants: la durée de l’éjaculation chez les porcs mâles était de 6,3 minutes en moyenne, avec un minimum de 2 minutes et un maximum de… 31 minutes. Ces longues éjaculations étaient accompagnées de contractions, à l’instar d’un orgasme chez l’homme.

« Cet orgasme est lié à une très longue copulation, qui est assez lente, mais qui peut expédier jusqu’à 6 milliards de spermatozoïdes », explique au micro de la Radio télévision suisse Thierry Lodé, professeur en écologie évolutive et spécialiste de la sexualité des animaux. « C’est quand même un exploit. On a longtemps pris les animaux pour des êtres frigides, voire bestiaux, et on a découvert que les porcs ont beaucoup plus de sensualité érotique que cela. »

L’être humain n’a qu’à bien se tenir

Si l’on se prête à un petit jeu de comparaison entre l’orgasme du cochon mâle et celui de l’homme, il est probable que ces messieurs aient envie de devenir des porcs (même si certains le sont, semble-t-il, déjà). Le constat est en effet limpide: en matière d’orgasme, les hommes n’arrivent pas à la cheville des verrats.

Chez l’homme, la durée de l’orgasme, qui s’accompagne d’une éjaculation, varie entre 10 et 30 secondes, bien loin des 6,3 minutes de moyenne du verrat, et à des kilomètres des 31 minutes maximum observées. La femme rivalise à peine plus avec cet orgasme incroyablement long. Chez elle, ce spasme de plaisir qui envahit le corps durerait en moyenne entre 13 et 51 secondes. Là encore, nous sommes très loin du compte.

Si nous avons beaucoup évoqué l’orgasme du verrat et beaucoup moins celui de la truie, c’est pour une bonne raison : on ne sait pratiquement rien de l’orgasme chez les animaux femelles, et la truie ne fait pas exception.

Il semblerait pourtant, selon Thierry Lodé, que la truie ne soit pas insensible au sexe en forme de tire-bouchon de son partenaire. Ni à son endurance. « La cochonne ne va pas s’en plaindre, la copulation active également [ses] centres nerveux de la récompense », souligne-t-il.

Orgasme animal

Une question demeure: la longue éjaculation du verrat est elle comparable au plaisir que prennent les êtres humains au moment de l’orgasme ? Difficile de répondre à la question étant donné que, jusqu’ici, nous ne pouvons pas mesurer avec précision ce que ressentent les cochons lors de leurs coïts.

Toujours au micro de la RTS, Thierry Lodé rappelle cependant que l’orgasme tel que nous le connaissons, défini ici par des contractions involontaires, existe bien chez de multiples animaux, comme les macaques, les rats et les furets. Alors, pourquoi pas également chez les cochons ?

« On peut tout à fait concevoir que le rapport en lui-même n’ait pas forcément pour but de conduire à la jouissance. Mais pour que l’acte sexuel se maintienne au cours de l’évolution, il a bien fallu que quelque chose vienne s’ajouter : le plaisir, fait-il remarquer. Il n’y a aucune raison objective pour que la sexualité animale soit déconnectée d’une expérience positive. »

Il suffit de regarder d’autres espèces pour vite comprendre que, chez les animaux, le sexe n’est pas qu’une simple affaire de reproduction. Le macaque indonésien du Kalimantan enlève par exemple des poux à la femelle pour obtenir, en échange, un rapport sexuel, tandis que les chauves-souris roussettes s’adonnent fréquemment à la fellation, voire au cunnilingus.

Source : Slate.fr

 

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