EXCLUSIF / En 2022, le TER a accusé un déficit de 20 milliards de F CFA…

Le TER (Train Express Régional) est l'une des réalisations phares du deuxième mandat du Président Macky Sall et son exploitation débutée en janvier 2022 a été une vraie panacée pour les populations de la capitale et des villes environnantes. Très prisé pour rallier Dakar à partir des villes de Rufisque et Pikine, le TER ne désemplit jamais et est même souvent bondé aux heures de pointe. Une très bonne affaire, sauf qu'à en croire les services du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, son exploitation accuse un déficit brut d'exploitation de 20 milliards de F CFA et pointent du doigt la gestion de la SNCF via la SETER.

« En termes de recettes, nous pouvons dire, jusqu’à date, que c’est environ 3 milliards de francs CFA de recettes générées par le TER. Et c’est un chiffre qui va monter d’autant plus qu’il y a une forte affluence et qu’il y a des mesures supplémentaires qui seront prises pour mettre davantage les passagers, dans des conditions beaucoup plus appropriée », exultait Mansour Faye, le ministre des Transports après trois (3) mois de mise en service du Train Express Régional (TER).

En ce moment, il y avait en moyenne 50 000 passagers par jour, selon les indications du ministre à la presse. Aujourd’hui, le trafic a atteint 60 000 passagers par jour, l’exploitation du TER étant à sa phase 1, qui concerne le tronçon reliant le Centre-ville de Dakar à la ville de Rufisque.

Le déficit d’exploitation du TER selon les services du ministère des Transports terrestres

Après 10 mois d’exploitation par la SETER (Société d’exploitation du TER), les recettes d’exploitation s’élèvent à 9,6 milliards de F CFA, si l’on en croit Mansour Faye, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement (nouvelle dénomination à la faveur du dernier remaniement ministériel à la suite des Législatives de juillet dernier), lors de son passage à la session budgétaire de l’Assemblée nationale le 26 novembre dernier.

Si le ministre a tenu à souligner un déficit, il l’a imputé aux services sociaux (tarifs en vigueur) et, surtout, n’a pipé mot du montant. Riopost.net a parcouru une note de la Société nationale de Gestion du Patrimoine du Train Express Régional à l’intention du ministre et les conclusions sont sans appel pour la SETER.

Selon ladite note, en 2022, l’exploitation commerciale du TER, avec une moyenne de fréquentation de 60 000 par jour, soit une hausse de +133 %, connaît un déficit brut de 20 milliards de F CFA. Les services de Mansour Faye de préciser que ce déficit dépend du trafic, des tarifs et de l’offre de matériel roulant disponible et d’indiquer que ledit déficit pourrait être résorbé avec une moyenne de 100 000 passagers par jour.

TER : l’offre de Meridiam, la société concessionnaire du Bus Rapid Transit (BRT ou « bus rapides sur voies réservées ») de Dakar

Dès l’entame de la note à l’intention du ministre Mansour Faye, les services du département des Transports fustigent le dilatoire de la SNCF (Société nationale des Chemins de Fer Français) par rapport au contrat d’exploitation et de maintenance du TER consolidé, au premier trimestre de l’année 2022, avec l’ancienne équipe dirigeante de la SETER (filiale de la SNCF, précise la note). Ce contrat portait sur quatre (4) points :

  • l’entrée au capital
  • la garantie mère
  • la sécurisation des paiements de la SETER
  • le plafond de responsabilité de la SETER

En raison des mauvaises dispositions dont fait montre la SNCF, les services du ministère déclarent avoir étudié une proposition de reprise d’exloitation émanant de la société MERIDIAM, la société concessionnaire du BRT dont les infrastructures sont actuellement en construction dans la capitale sénégalaise. Et le verdict de cette étude est sans appel : l’offre de MERIDIAM, qui désire reprendre la SETER (avec la reprise de l’ensemble du personnel sénégalais, 984 agents, et de 12 des 16 agents expatriés), est de loin meilleure, si on peut dire -la SNCF n’en ayant, au demeurant, fait aucune.

En contrat de PPP de type concessif sur 25 ans avec un transfert des risques de trafic et une délégation de la gestion du matériel roulant, MERIDIAM s’engage à verser un droit d’entrée de 135 milliards de F CFA à l’Etat. Les services du ministère insistent sur la nécessité de la mise en œuvre sans délai de la phase 2 du TER (tronçon Rufisque-AIBD) qui pourrait permettre d’atteindre la barre des 100 000 passagers journaliers et résorber ainsi le déficit. Ceci aurait, entre autres avantages, de délester l’Etat du Sénégal de la subvention mensuelle de 2 milliards de F CFA versés pour l’exploitation du TER.

En attendant d’appréhender plus en profondeur la note des services du ministères des Transports terrestres, il est permis de se demander, en annexe, comme on dit dans le jargon, l’appréciation qu’aurait l’Agence de Régulation des Marchés publics (ARMP) si l’exploitation du TER changeait de mains.

Affaire à suivre…

 

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