Élection au Brésil : Bolsonaro va plus loin que Trump pour invalider les résultats de la Présidentielle

Dimanche dernier, comme il y a deux ans aux Etats-unis, des partisans du président déchu Bolsonaro envahissent les abords du Congrès et le palais présidentiel pour dénoncer une « élection » et ainsi invalider la victoire de Lula, le nouveau président brésilien élu d'une courte tête. Hier, jeudi, la découverte d'un projet de décret qui aurait pu permettre l'annulation de l'élection de Lula à la présidence fait scandale au Brésil. L'ex-ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, Anderson Torres, actuellement aux États-Unis, est pointé du doigt par les autorités brésiliennes.

L’ex-ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, actuellement aux États-Unis, était attendu vendredi de pied ferme par les autorités brésiliennes après la découverte d’un projet de décret qui aurait pu permettre l’annulation de l’élection de Lula à la présidence.

Ce document très compromettant révélé jeudi soir par le quotidien Folha de S. Paulo a été retrouvé lors de perquisitions de la Police fédérale au domicile de cet ancien ministre, Anderson Torres, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt d’un juge de la Cour suprême pour « collusion » présumée dans les bolsonaristes qui ont pris d’assaut les lieux de pouvoir à Brasilia dimanche.

« Nous allons attendre qu’il se présente jusqu’à lundi. Si ce n’est pas le cas, nous lancerons la semaine prochaine la procédure de demande d’extradition », a annoncé vendredi Flavio Dino, ministre de la Justice du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, en fonction depuis le 1er janvier.

M. Torres n’a cessé de clamer son innocence et a promis de rentrer au Brésil pour se rendre aux autorités, sans pour autant indiquer de date précise.

Le document de trois pages trouvé chez lui prévoit que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui veille à la bonne marche du scrutin, « pour assurer la préservation et le rétablissement de la transparence, et approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022 ».

Une mesure considérée anticonstitutionnelle par de nombreux juristes. Dans la pratique, cela signifie que l’intention aurait été d’annuler l’élection de Lula, qui a battu le président d’extrême droite Jair Bolsonaro d’une courte tête le 30 octobre.

« Maillon d’une chaîne putschiste » à la solde de Bolsonaro

Selon la Folha de S.Paulo, qui a révélé le scandale, ce brouillon pourrait être le premier élément de preuve irréfutable que l’entourage de Jair Bolsonaro préparait un coup d’État en cas de défaite.

Le décret présidentiel – qui n’a jamais vu le jour – prévoyait la création d’une « commission de régulation électorale » pour remplacer le TSE, avec à sa tête une majorité de membres issus du ministère de la Défense (8 sur 17).

Le document n’est pas daté, mais le nom de Jair Bolsonaro se trouve à la fin, sur un espace prévu pour sa signature.

« Pendant que 33 millions de personnes souffraient de la faim, ils préparaient un coup d’État », a tweeté vendredi le sénateur de gauche Randolfe Rodrigues, leader du bloc parlementaire du gouvernement Lula à la chambre haute.

« Cela montre que ce que nous avons vu le 8 janvier (l’invasion des lieux de pouvoir à Brasilia) n’était pas un acte isolé. (Le projet de décret) est l’un des maillons d’une chaîne putschiste », avait déjà déclaré Flavio Dino jeudi soir.

Dépenses invraisemblables sous l’ère Bolsonaro

La Police fédérale a dit à l’AFP qu’elle ne pouvait pas commenter une enquête en cours.

M. Torres, qui se trouve aux États-Unis, a déclaré jeudi soir sur Twitter que ce brouillon se trouvait « probablement dans une pile de documents censée être détruite en temps voulu », que son contenu a été fuité et est jugé « hors de son contexte ».

Il était déjà sur le sol américain quand plusieurs milliers de bolsonaristes ont envahi et saccagé le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême dans la capitale brésilienne dimanche.

L’ancien ministre occupait depuis le 2 janvier le poste de chef de la sécurité du District fédéral de Brasilia, mais était parti en vacances juste après.

L’actualité brésilienne était également marquée par d’autres révélations embarrassantes au sujet du mandat de Jair Bolsonaro : des dépenses invraisemblables avec la carte de crédit présidentielle, comme les 20.000 euros déboursés en une fois dans un modeste restaurant du nord du Brésil ou les 10.000 euros dans une boulangerie le lendemain du mariage de son fils.

Les relevés de compte de la carte de crédit présidentielle sur ses quatre années de mandat (2019-2022) ont été publiées sur un site en ligne officiel du gouvernement Lula, qui a commencé à lever un secret imposé pour 100 ans par son prédécesseur sur des milliers de documents officiels.

Avec Yahoo! Actualités

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