Emmanuel Macron au Sénégal : mission accomplie !

En plus du succès du Partenariat mondial pour l'éducation, les présidents français et sénégalais ont renforcé sur tous les plans les liens de deux pays qui partagent 350 ans d'histoire.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la conférence de Dakar tant voulue par le président français Emmanuel Macron fera date. Non seulement ce fut un succès financier signant de nouveaux engagements pour le Partenariat mondial pour l’éducation, mais en plus la conférence aura surtout marqué le retour de la communauté internationale autour de la question de l’éducation. Car malgré les progrès des pays en développement dans ce secteur, en Afrique particulièrement et ailleurs, les autres pays dits industrialisés ou en avance ont marqué ces dernières années un recul, et cette question ne figurait plus au rang des priorités pour bien des gouvernements.

Macron réussit à mobiliser autour du Partenariat mondial pour l’éducation
Bien que tous les pays n’aient pas encore annoncé leurs intentions chiffrés, on note déjà que la plus importante source de financement de l’éducation demeure les pays en développement eux-mêmes. Plus de 50 pays en développement ont ainsi annoncé qu’ils augmenteraient leurs dépenses publiques consacrées à l’éducation pour la période 2018 – 2020 pour atteindre un montant total de 110 milliards de dollars, comparé à 80 milliards de dollars entre 2015 et 2017.
Ces nouveaux engagements financiers importants pris par des bailleurs et des pays en développement vont permettre un nouveau soutien mieux adapté pour l’éducation de millions d’enfants. Si on fait le bilan, le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) est « en très bonne voie » d’être renfloué à hauteur de 3,1 milliards de dollars.

Point fort de la première journée de la visite au Sénégal d’Emmanuel Macron, cette conférence a réuni une dizaine de chefs d’État africains, ainsi que des représentants des grands donateurs. Ces derniers se sont tous engagés à augmenter leur apport au PME, qui vise à réduire le nombre d’enfants non scolarisés dans les pays les moins avancés, évalué à 264 millions.

La France a décidé de montrer l’exemple : Emmanuel Macron a annoncé la hausse de l’engagement français dans ce programme à 200 millions d’euros (250 millions de dollars), contre 17 millions pour la période 2014-2017. Paris devient le 4e donateur derrière le Royaume-Uni (417 millions), l’UE (400 millions) et la Norvège (260 millions).

C’est presque le montant que lui avait réclamé Rihanna, ambassadrice du PME, qui l’avait mis au défi sur Twitter en juin 2017, d’apporter 250 millions d’euros. Un message retweeté plus de onze mille fois en l’espace de 24 heures.

Rendez-vous était donc pris pour Dakar, plus de six mois plus tard. À la tribune, la chanteuse, en tailleur gris, a salué les « progrès énormes » enregistrés à Dakar. « Il s’agit d’un combat pour lequel nous n’arrêterons jamais de nous battre jusqu’à ce que chaque garçon, chaque fille, ait accès à l’éducation », a-t-elle promis, avant de saluer, parfois en les embrassant, les chefs d’État.

La totalité des dons annoncés devrait représenter 2,7 milliards de dollars, mais plusieurs pays se déclareront plus tard, dont l’Allemagne et les Pays-Bas. Le PME devrait ainsi atteindre son objectif d’accroître ses fonds de 50 %, après les 2 milliards de dollars réunis en 2014-2017. « Mais 3,1 milliards de dollars, ça ne suffit pas. On aurait largement besoin du double, ou du triple », a déclaré à l’AFP la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore.

Dans son intervention, Emmanuel Macron a demandé que l’aide soit particulièrement consacrée à l’éducation des filles. « Partout où on veut promouvoir l’obscurantisme, faire reculer la démocratie, ce sont les jeunes filles qu’on sort de l’école », a-t-il déclaré, alors que son épouse Brigitte visitait l’île de Gorée, symbole de la traite négrière au large de Dakar.

Les Sénégalais partagés sur les relations avec la France
Cette sixième visite du président français dans un pays d’Afrique subsaharienne intervient à un moment de particulière convergence d’intérêts entre les deux pays, selon certains analystes. Car bien que Paris et Dakar partagent une préoccupation pour la sécurité régionale, avec notamment la montée en puissance, aux frontières du Sénégal, de la force antijihadiste du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), qui vient d’achever sa deuxième opération, beaucoup de questions demeurent sur la non-présence du Sénégal dans cette force.

Deuxième sujet qui porte à débat, l’économie. Dans la presse sénégalais on pouvait lire « Macron, un colporteur à Dakar », la manchette du journal Vox Populi. Selon ce journal, le président français « débarque avec une escouade d’hommes d’affaires », sachant que les entreprises françaises sont déjà « en situation de quasi-monopole au Sénégal ».

« Seulement », relativise le journal, « force est de constater que la souveraineté française, mise à mal par un certain nombre de réalisations économiques et géostratégiques en cours sur le continent comme ailleurs, semble à la recherche d’un second souffle dans son pré carré… sénégalais ». Mais le terrain avait été soigneusement déminé cette fois par les équipes du président français qui voulait à tout prix éviter de reproduire les erreurs commis lors de son séjour au Burkina Faso.

Les présidents sénégalais Macky Sall et son homologue français Emmanuel Macron ont visité la Maison du TER, le Train express régional, une voie de chemin de fer électrique à écartement standard devant relier, dans un premier temps, Dakar à l’aéroport international Blaise-Diagne de Diass. L’Agence française de développement (AFD) a contribué à plus de 200 milliards de francs CFA au financement de ce projet d’un coût total de 568 milliards de FCFA.

Les deux présidents ont aussi signé plusieurs accords, dont la vente de deux Airbus à la compagnie Air Sénégal pour 214 millions de dollars (171 millions d’euros) et la création d’un campus universitaire franco-sénégalais.

Samedi, Macky Sall accompagnera le président français et son épouse à Saint-Louis, ancienne capitale de l’Afrique occidentale française et du Sénégal, menacée par la montée des eaux.

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